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Hervé Ic

par Judicaël Lavrador
paru dans le catalogue Du corps à l’image,
note pour la collection du Frac Île-de-France, janvier 2004

Hervé Ic ancre sa peinture dans une démarche figurative. Il l’articule autour de différents genres tels que le paysage, les fleurs ou la statuaire chrétienne. Les portraits comptent parmi ces travaux les plus récurrents. Dans la série de 1998, les modèles sont représentés nus et assis. Pourtant, le jeune artiste conçoit ce travail dans la lignée des portraits, puisque est maintenue l’identité des personnages, à tel point que leur nom est nettement visible sur la toile. Cette dénomination apparente rappelle les cartels peints des portraits classiques. Hervé Ic fait d’ailleurs de multiples références à l’histoire de la peinture : les sols carrelés de certains portraits renvoient ainsi à celui de La Vierge au chancelier Rolin de Jan Van Eyck. L’environnement dans lequel apparaît le modèle, souvent un proche de l’artiste, est déterminant : il constitue un reflet de l’intimité du sujet. Il en restitue l’identité au même titre que l’image d’un corps ou d’un visage.

Dans ce portrait de 1997, une jeune femme est ainsi représentée devant la maison anglaise où elle séjourna. Cependant la perspective a été réduite, si bien que le décor semble artificiel et imaginaire. La palette est très colorée, mais ménage des transparences. Le cadre aux lignes dorées rappelle ces cadres bon marché dans lesquels on glisse les photographies qui nourrissent les souvenirs. Hervé Ic peint d’après photographies, mais surtout investit d’une même valeur tendrement commémorative ses portraits. L’image de cette jeune femme, les pieds joints, un peu intimidée par la pose devant sa maisonnette colorée, s’empreint en effet d’une douce légèreté.