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Hervé Ic sur le divan

par ferdinand(corte)™
janvier 2011, Montparnasse

Pas de ic’. Pas de blem’. Seulement des intrachocs. Des infrabasses. Des catastrophes à transcender. Et des interstices à révéler. Il ne faut pas chercher le confort avec Herve Ic : il désenchante les fantasmes et incarne nos déviances. Des champignons vénéneux, une lucane d’océan furieux et de l’électricité incandescente, des additions métapsychiques qui nous font pénétrer l’inconscient. Le libérer. L’envoler. Car la touche est légère. Gracieuse. On y a porté de l’attention alors on prend au mot. Première couche. Début d’introspection. Second niveau. Puis troisième, et on avance. On s’y perd tout en trouvant. Comme une dormeuse du val en dormition avec les larves et les vers.

Herve Ic, pourtant, n’est pas infirme. Il a ses deux jambes et ses trois mains. Pas de traumatisme apparent et plutôt très sain et structuré. Structurant d’ailleurs. Tout comme il met au point méthodiquement chaque niveau de lecture. Un trait lisse et posé. Mais un tel chaos ! Une telle dureté dans les projections ! Un monde perdu ? A renouveler ? A esquisser sur la toile, déjà, parce qu’on veut l’imager pour le maîtriser. Herve contrôle, il n’aime pas se perdre ; pourtant on s’y reprend à plusieurs fois avant de capter son œuvre. Si on y arrive ! Ne pas passer à côté sans prendre le temps de tout assimiler, l’image inscrirait vos cauchemars. Ou vos rêves les plus gourmands si vous adhérez au cannibalisme. Des paysages neuronaux qui pourraient être utilisés en atelier psychiatrique. Une démence de l’imaginaire ! Sans limite si ce n’est celle du châssis. Herve Ic est un auteur dramatique qui pourrait bien se mettre à l’alchimie. Manipuler des forces pour générer des réalités. Il nous pose la question. Il se la pose : comment réengendrer ? Comment mener à la libération ? En descendant, déjà. En allant bas et loin pour la transe de la réascension. Gouter un champignon avant de prendre le large. On risquerait de s’y perdre …

On est face a l’écran. Pas de télécommande. Seulement des aplats et des étapes de lecture. On peut aller de l’une à l’autre comme on va de la page quarante-trois à la cent soixante douzième. Puis à la première, pour recommencer, et continuer. Anticiper, appréhender. Pour apprendre. Prendre. Et rendre. Parce qu’on en laisse derrière soi. Qu’on veut retrouver le chemin vers le château en haut de la colline, avec une bibliothèque garnie de contes et de prophéties. Herve Ic raconte des histoires, aussi. Des scenarios catastrophes auxquels on survit malgré tout. Brutalisés mais affirmés. Le peintre alourdit notre imaginaire jusqu’à la noyade. Quand on ne peut plus respirer, qu’on se bat, en vain, et qu’on se réveille d’un cauchemar. Encore. Et qu’on se rend compte que c’est pas mal la lumière, quand même. Herve aime la vie. Il n’y a pas de doute. Elle le passionne et il ne se pose pas la question de la mort. A ce qu’il dit. Sa peinture est donc un vecteur d’analyse et d’observation et non de perdition. Il nous mène à la compréhension, à l’émergence d’une conscience. Peinture littéraire et psychanalytique. Apparition d’une illusion de vérité. Des indices de compréhension. Un chemin à faire. On avance. Herve Ic sur le divan …